
Les spectateurs qui se sont déplacés ont pu se délecter d’un concert éclectique qui a duré 2h30 et s’est voulu comme une continuité de « Tapis rouge 1 » produit en 2009.
La Presse — Ils sont tous venus, ils sont tous là les copains musiciens de Riadh Fehri. Le concert a démarré à 22h00 tapantes. Il n’y avait pas foule sur les gradins du théâtre romain de Carthage. Sans doute que ce genre de musique pratiqué par Riadh Fehri, bien qu’il soit populaire, ne draine pas le grand public.
Mais les spectateurs qui se sont déplacés ont pu se délecter d’un concert éclectique qui a duré 2h30 et s’est voulu comme une continuité de «Tapis rouge 1» produit en 2009. Après le traditionnel hymne national, l’écran diffuse un extrait du feuilleton «El Maestro» réalisé il y a quelques années par Lassâad Weslati. Un feuilleton marquant qui s’avère avoir été inspiré d’une expérience vécue par le composteur lui-même et dont il a composé la musique.
Puis l’orchestre hétéroclite composé de plus de 70 musiciens a interprété un premier morceau, puis le maître d’œuvre, qui en est à son 7e passage sur la scène de Carthage, a présenté quelques membres principaux de la troupe dont Wissem Karoui, qui enregistre là son retour, une chanteuse de l’Orchestre symphonique de Barcelone, une autre Italienne.
Chiara Minaldi, et un nombre de protagonistes aussi illustres. Ensuite, les musiciens ont enchaîné avec des compositions rythmées et des solos de flûte, banjo, violon, percussion. Chacun d’eux a proposé tour à tour une musique métissée très vive qui a valu de chaleureux applaudissements du public.
Puis, un duo de chanteurs a repris un refrain country appuyé par les sons de la flûte et rejoint par les cordes du violon. Fehri est au oud, la cithare (Qanun) l’a emporté en introduisant un chanteur qui, du fond de la scène la main sur la tempe, a lancé des «Ya lil» faisant trembler le théâtre avec sa voix puissante et mélodieuse.
De l’autre côté, un guitariste a éveillé les sens du public par un arrangement de «Sidi Mansour». Jusque-là, rien de surprenant, puisque ce sont des refrains populaires que tout amateur de musique connaît par cœur. Alternant musique orientale et occidentale, l’orchestre joue sur la sensibilité de l’assistance en lui offrant des notes cadencées où tous les instruments se conjuguent pour former une belle ronde musicale assez panachée.
Parfois, les voix s’élèvent pour livrer un fragment de chanson. Aucun relâchement, le rythme reste soutenu au grand bonheur des mélomanes. Au cours du deuxième volet du concert, les musiciens au complet ont occupé la scène, le maestro prend les commandes pour piloter l’orchestre et présenter un pianiste et arrangeur, amis de longue date que la musique a réunis.
Envolée lyrique accompagnée d’une chorale de femmes au costume rouge pour une musique festive où tous les instruments s’accordent. Puis, place est faite à un trio de voix de femmes qui semblent introduire un lamento pour ensuite reprendre une mélodie populaire italienne.
Le rythme demeure encore soutenu et ne fléchit pas, et ce, depuis le début du concert. Et voici une interprète qui enchaîne avec une chanson italienne romantique. Riadh Fehri retrouve la direction de l’orchestre et fait intervenir une chanteuse présente : «Mahla layali Chebilia» et un refrain du sud de l’Italie. Pas de répit pour l’orchestre, sa musique reste toujours aussi tonitruante avec des passages solos dont le violon qui donne de l’étoffe à une composition signée. Youssef Fehri, qui a obtenu un label en Europe et à qui le père a rendu hommage.
La grande surprise a été la présence du Playtoys orchestra, un orchestre formé de 6 artistes, le premier au monde, qui utilisent des jouets comme instruments. Il a interprété une musique ludique jouée souvent dans les fêtes foraines. Il y a même un coq en plastique qui a participé à cette fiesta agrémentée par «Tora Bora» et «Bella Ciao» que le public a reprises avec les chanteurs.
Retour de Riadh Fehri avec une composition sur la Palestine conçue spécialement pour la jeune Isra Ben Slimane qu’elle dévoile avec beaucoup de sensibilité. La chanson a été diffusée dans les territoires occupés. S’ensuit un solo violon assisté par l’ensemble de l’orchestre et orné par les aiguës de la flûte. Une musique disjonctée que parachèvent la cithare puis la clarinette et la batterie avec des éclats flamboyants à l’instar d’une famille où chaque membre participe volontairement à créer une alchimie.
Un guitariste vêtu tout de blanc flanqué d’un chapeau de cow boy fait une brève intervention sur scène pour suggérer un court morceau de chant. Le clarinettiste fait parler son instrument avec fougue en combinant l’oriental et l’occidental dans un accord parfait et ludique faisant participer le public à sa fantaisie et puis tous les cuivres le rejoignent pour un finish en beauté et Fehri, exprimant sa joie, effectue des pas de danse avec quelques interprètes qui ont su créer ensemble une brillante performance amplement ovationnée par le public. Fehri a promis une 3e version de «Tapis rouge», pourvu que le public soit plus nombreux au rendez-vous !